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Lucie : Je suis très fière de moi!

Découvrez l’histoire de Lucie. Touchée par un cancer du sein à l’âge de 32 ans, c’est grâce à Octobre Rose qu’elle se fait dépister. Elle nous raconte l’attente, les diagnostics, les traitements et l’incertitude de la suite. Son témoignage nous invite à se sentir fière de soi et à prendre conscience de la force que nous avons en nous pour avancer dans des parcours de soin souvent difficiles.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Lucie, j’ai 35 ans, je vis a Anglet avec mon conjoint Iban et ma fille, Suzie, je suis bibliothécaire.

Parlez nous parler de votre cancer

  • J’ai un cancer hormono-dépendant stade 3
  • On m’a enlevé 13 ganglions

Quand et comment a-t-il a été découvert ?

« Jamais je n’aurai pensé qu’un écoulement pouvait être un signe de cancer« 

Grâce à octobre Rose 2019 et surtout à la vigilance de ma médecin. Je laissais traîner un petit écoulement microscopique depuis 2 ans, la naissance de ma fille. Et sur un article parlant d’Octobre rose, j’ai vu « signes où l’on doit consulter : écoulement« . Jamais je n’aurais pensé qu’un écoulement pouvait être un signe de cancer

Comment l’avez-vous vécu ?

« Le plus dur (et on ne s’en rend pas compte) c’est l’attente entre les rendez-vous »

Au début, on m’a diagnostiqué un « pré-cancer« . C’est-à-dire que tout laissait présager que c’était pris à temps. Mais au fil des consultations, le diagnostic s’assombrissait : le cancer avait migré dans les ganglions. Le plus dur (et on ne s’en rend pas compte) c’est l’attente entre les rendez-vous, les résultats et les avis médicaux. J’ai toujours pris les nouvelles comme elles venaient : en affrontant.

Est-ce que vous pourriez nous parler du ou des traitements que vous avez reçus ?

Après plusieurs chirurgies, il a été décidé de me faire un traitement de « choc » vu mon âge et l’avancée du cancer. J’ai commencé la chimio en février (2020), puis radiothérapie en été 2020 et depuis septembre 2020, je suis sous hormonothérapie avec une injection tous les mois et la prise de Létrozole (j’en ai pour 10 ans).

Comment avez-vous vécu les effets secondaires ?

« Il y a (…) un gros effet boule de neige »

Je m’étais préparée à perdre mes cheveux, mais j’ai préféré prendre les devants en me rasant la tête avant qu’ils ne tombent. Ce qui est difficile pendant la chimio, c’est de se voir diminuer et en plus de perdre les cheveux, les cils, les sourcils. C’est de se regarder et de ne pas se reconnaître. D’être malade et « de faire malade« , mais j’ai toujours voulu prendre soin de moi et même sans cils ou avec très peu, je me maquillais. Concernant les autres effets comme la fatigue, les insomnies, l’irritabilité, l’absence de libido, etc.. après 2 ans d’hormonothérapie, je commence à peine à les « dompter ». Je les sens arriver, je les apprivoise et je m’adapte. Il y a également un gros effet boule de neige : on dort mal, on est fatigué, on est irritable, c’est le cercle vicieux..

Quels conseils donneriez-vous à nos lectrices qui cherchent des astuces ou des solutions ? Qu’est ce qui vous a fait du bien ?

« On a toutes en nous, une part, plus ou moins importante, de résilience, mais on l’a ! »

Pour les patientes qui sont au début de traitement, je leur dirai qu’elles vont y arriver, qu’elles sont beaucoup plus fortes que ce qu’elles croient. On a toutes en nous, une part plus ou moins importante de résilience, mais on l’a ! Il faut se donner des deadlines courtes, je me fixais la dernière chimio (16 juin 2020) et je comptais les jours sur mon calendrier. Je me félicitais, je m’encourageais. A la dernière, j’ai fait une énorme fête avec mes amis et c’est cette fête qui me faisait tenir : on s’est couchés à 5h du matin, c’était incroyable. Même dans cette période si difficile, il faut se bouger, il faut vivre, profiter !

« Il faut y croire, il faut persévérer ! »

Concrètement, pour éviter les douleurs du corps en tout genre : je bouge, je fais du sport, je marche. Pour éviter les insomnies, je me suis achetée du spray à la mélatonine et dans la nuit je le prends, c’est efficace ! Concernant la libido, et les sècheresses en tout genre, c’est très dur à vivre. Après un temps ou physiquement c’était impossible, j’ai re essayé avec mon compagnon et avec quelques astuces ça marche ! Il faut y croire, il faut persévérer ! Ca n’a pas toujours été facile, loin de là, avec le Covid au milieu, la fermeture des salles de sport, et cette épée de Damoclès qu’est la récidive, il faut apprendre à vivre avec, à vivre autrement. Accepter que le quotidien ne sera plus le même.

Comment a réagi votre entourage ?

Mon entourage a été très très présent, soutenant et incroyable. Mon conjoint, l’amour de ma vie, qui a vécu ça avec moi mais en étant spectateur, a été mon roc, pour moi, pour ma fille, pour notre famille.

Est-ce que le cancer a changé votre façon de voir la vie ? Si oui, de quelle manière ?

« Je dis souvent que ce cancer me gâche la vie (…) mais en même temps, il m’a appris que notre meilleur allié, c’est nous-même »

Je dis souvent que ce cancer me gâche la vie car il est très difficile de vivre avec, avec les effets secondaires, avec la trouille d’une récidive. Mais en même temps, il m’a appris que notre meilleur allié, c’est nous même. Il m’a montré l’incroyable force et courage dont j’avais fait preuve. Je suis très fière de moi, je me sens (curieusement) insubmersible, je sens qu’après ca, je peux tout affronter. Je me suis reconnectée aux choses essentielles de la vie : je prends un plaisir incroyable à profiter de ma famille, à rire, m’amuser, encore plus qu’avant. Ma fille, me donne une force surhumaine, je passe du temps de qualité avec elle. On m’a fait comprendre qu’un deuxième enfant serai non envisageable : je l’ai mal vécu et en même temps, quelle chance de l’avoir déjà elle ! Elle est incroyable.

Est-ce que la maladie a affecté votre perception de vous-même ?

« Mon confort primait sur mon reflet. »

Quand j’étais en traitement, c’était l’été, même si je vivais mal d’être sans cheveux, j’ai peu mis mon turban. Je trouvais que c’était déjà assez contraignant, alors je l’ai vite laissé tomber pour me mettre la tête nue. Mon confort primait sur mon reflet. Alors, je dirais que, oui, la maladie a affecté ma perception de mon corps mais je savais que j’allais retrouver mes attraits. J’ai subi plusieurs opérations de reconstruction, j’ai beaucoup de cicatrices mais elles font partie de mon histoire et elles ne me dérange pas du tout, au contraire.

Un message pour nos lectrices ? Vous avez carte blanche !

Le combat que vous menez est long et périlleux, mais je vous jure que vous allez y arriver et en sortir grandi ! Il faut se bouger, le sport est le seul médicament pour éviter la récidive !

Si vous aussi vous voulez nous racontez votre histoire, rendez-vous sur notre page « Vous avez la parole Â»