Aujourd’hui, un témoignage un peu particulier car il s’agit d’un témoignage spontané. Marie Paule nous a contacté dans le courant du mois d’août pour nous raconter son histoire. Touchée par un cancer colorectal en 2015 qui s’est développé ensuite, elle témoigne aujourd’hui pour donner du courage et de la force à toutes les personnes malades. Diagnostic, traitements, récidive, entourage ou encore réappropriation de son corps, elle se livre dans un texte franc et touchant et nous tenons à la remercier sincèrement de nous avoir faire confiance.
L’histoire de Marie Paule
Bonjour,
Je me présente je m’appelle Marie Paule je suis en retraite depuis le 1er janvier 2015 j’aurai 69 ans en octobre de cette année j’habite dans les Vosges. En décembre 2015 j’ai été emmenée de toute urgence au centre Hospitalier d’Epinal et là le diagnostic est tombé le scanner montrait une occlusion intestinale provoquée par un polype cancéreux avec 2 métastases au foie cela malgré les tests hémoccult que j’ai toujours faits. Je rentrais dans les 5% de la population pour qui le cancer colorectal n’était pas détectable avec ces tests.
Mon cancer
Je ne voulais pas y croire, je n’étais pas malade j’avais juste « un souci de santé » je faisais un déni de la maladie je ne savais pas ce qui m’arrivait je me disais « non pas toi« .
Et puis je m’y suis faite, pas le temps de réfléchir le chirurgien m’a emmenée en salle d’opération le temps était compté il m’a enlevé 30 cm d’intestin le temps de me remettre et il a fallu m’opérer du foie j’avais peur et le professeur qui m’a opérée m’a enlevé les 2/3 de mon foie, c’est un organe qui se régénère. Je me suis remise de ces deux opérations j’ai eu 14 séances de chimio puis, nourrie par sonde pendant 2 mois et ponctions pleurales à cause des suites opératoires du foie.
« Je me suis encore remise, avec la rage de vivre »
La vie a continué puis fin 2017 1ère récidive. J’ai du être opérée d’un nodule pulmonaire (métastase) du colon mais pas de chimio puis fin 2019, 2ème récidive. Cette fois plus violente la tumeur a touché le péritoine, l’utérus, les ovaires et encore le rectum. Opération de nouveau. Le chirurgien m’a enlevé les ovaires et l’utérus. J’ai du avoir une stomie (poche) pendant 4 mois et remise en continuité après. Et de nouveau 12 cures de chimio avec une chimio intra péritonéale (10 heures d’intervention) et je me suis encore remise avec la rage de vivre. Aujourd’hui encore, je termine mon protocole de 12 séances de chimio car fin 2021 j’apprenais que je faisais une 3ème récidive qui n’a pas nécessité d’intervention car j’ai bien répondu aux traitements de chimio et diagnostic précoce .
« La maladie n’empêche pas de rester belle et digne »
Mon cancer, je l’ai vécu comme un combat que j’ai mené avec acharnement et détermination. Entre chaque séance de chimio et chaque intervention, je me suis toujours occupée de moi sans jamais rien lâcher. Habillement, maquillage. Je me disais que j’étais comme tout le monde, avec un traitement à suivre, certes parfois difficile, mais que la maladie, quand on le peut, n’empêche pas de rester belle et digne. Car, garder l’estime de soi nous donne encore plus de force pour combattre ce crabe.
« Nous ne sommes pas différents ou différentes des autres, nous avons un problème de santé à combattre »
Mes traitements, je les ai affrontés en me disant « c’est un mauvais moment à passer, mais ils te soignent et grâce à eux tu vas vivre« . J’ai dû porter le casque réfrigéré pendant 3 heures et demi à chaque fois. J’ai pu garder mes cheveux mais en me disant « s’ils tombent, ils repousseront » car je me suis beaucoup informée. L’important c’est que ces produits nous soignent malgré la fatigue, les nausées et la diarrhée. Mais tout cela passe et les médecins prescrivent des médicaments pour nous aider à supporter.
« J’avais interdit à tout le monde de me traiter comme une malade »
Mon entourage a été bouleversé, révolté mais j’ai été soutenue surtout par mon conjoint qui n’a jamais failli. Il a été extraordinaire et je lui rends hommage. J’avais interdit à tout le monde de me traiter comme une malade et dès que le pouvais je faisais tout pour redevenir normale comme tout le monde.
« Tu m’as un peu trahie mais je te retrouverai«
J’ai réussi à m’approprier mon corps à nouveau (je lui disais « tu m’as un peu trahie mais je te retrouverai« ) avec mes cicatrices parce que ce sont les miennes et mon conjoint me dit toujours « ce n’est pas important pour moi parce que tu es là ».
« Ne baissez jamais (JAMAIS) les bras »
Un vent de révolte, oui, m’a parcourue au début de la maladie et puis j’en ai fait une force. Et cette force de me battre, j’ignorais que je l’avais en moi. Aujourd’hui, je relativise beaucoup les choses. J’ai appris à vivre les bons moments au maximum et je sais qu’il y a un avant et un après cancer mais cela nous rend plus forts.
Je veux dire à toutes et à tous : ne baissez jamais (JAMAIS) les bras. Le moral fait partie intégrante de nos traitements et je l’ai entendu de la part de tous les médecins. Faites confiance à vos médecins et suivez leurs conseils même si parfois c’est difficile.
Je souhaite que mon histoire serve à redonner espoir à tous ceux et toutes celles qui l’ont perdu.
Je rends hommage aux médecins qui m’ont soignée et opérée. Merci à tous
Centre hospitalier d’Epinal Vosges
CHRU de Brabois Vandoeuvre les Nancy Meurthe et Moselle
ICL Institut de Cancérologie de Lorraine Vandoeuvre les Nancy Meurthe et Moselle.
Je suis toujours vivante!!!